Perdrix grise des Pyrénnées

Publié dans Les espèces

Fiche ONCFS

Description de l'espèce

Critères de reconnaissance

Perdrix grise des PyrénéesLa perdrix grise des Pyrénées est un galliforme de petite taille, au dimorphisme sexuel peu marqué. La spécificité des perdrix grises des Pyrénées a été reconnue tant sur le plan phénotypique que génétique. Les oiseaux des Pyrénées sont plus légers que ceux de Beauce (poids des oiseaux adultes à l'automne : coq : 315-385 g , poule 300-365 g). De façon générale, les oiseaux pyrénéens ont un plumage plus sombre que les oiseaux de plaine. Les deux sexes présentent des taches claires en forme de losange sur les plumes du haut du dos et du cou. On note également la présence assez régulière de taches noires sur la partie rousse des rectrices. Les coqs pyrénéens présentent régulièrement des caractères de plumage caractéristiques des poules dans les populations de plaine : fer à cheval incomplet, « croix de Lorraine » sur les scapulaires et les moyennes couvertures.

Confusions possibles

À l'envol, la coloration roussâtre des rectrices peut parfois entraîner une confusion avec la perdrix rouge (Alectoris rufa), les deux espèces pouvant cohabiter localement.

Caractères biologiques

  • Régime alimentaire
  • Rythme d'activité
  • Reproduction et survie

Régime alimentaire

Le spectre alimentaire des perdrix grises des Pyrénées est beaucoup plus varié que celui des perdrix grises de plaine.

En hiver et au printemps, l'adulte se nourrit essentiellement de nourriture verte (Festuca sp., Poa sp., Gallium sp., Trifolium sp., Taraxacum sp.).

Le régime alimentaire en été et en automne, se caractérise par une grande variété d'items : aux graminées et dicotylédones herbacées déjà évoquées, s'ajoutent bulbes et tubercules, graines et baies, notamment la myrtille (Vaccinium myrtillus), et enfin nourriture animale. À cette saison, orthoptères et coléoptères, représentent 20 % de la nourriture ingérée.

Durant leurs trois premières semaines de vie, le régime alimentaire des jeunes oiseaux est composé essentiellement d'insectes, principalement fourmis, orthoptères et coléoptères.

Rythme d'activité

La perdrix grise des Pyrénées est active principalement en début et en fin de journée, sauf en période hivernale où les périodes d'activité sont distribuées tout au long de la journée. L'activité vocale spontanée des perdrix grises est réduite, surtout lorsque les densités sont faibles. En pleine saison de reproduction, les mâles commencent à chanter une heure avant le lever du soleil, l'intensité maximale du chant se situant dans les 30-40 minutes précédant le lever du soleil.

La plupart des individus sont sédentaires, mais des déplacements importants peuvent être notés soit en période de reproduction, jusqu'à 13 km lors de la dispersion printanière, soit en période hivernale, jusqu'à 20 km après des chutes de neige exceptionnelles. L'espace vital utilisé par les oiseaux varie de 10 à 230 ha pour les couples en période de reproduction, et de 10 à 285 ha pour les compagnies en automne et en hiver.

Reproduction et survie

L'espèce est monogame. Coqs et poules se reproduisent dès l'âge d'un an. En moyenne, les pontes comportent 14,8 œufs. Elles sont déposées de fin mai à juin, le pic des éclosions se situant durant les trois premières semaines de juillet. En août, on compte en moyenne 3,2 jeunes par adulte (extrêmes observés dans les Pyrénées-Orientales : 1,4 à 4,7).

Le taux de survie annuel est voisin de 25 %, sans différences notables entre oiseaux adultes et jeunes. Ces taux de survie sont parmi les plus faibles connus chez les galliformes. D'octobre à mars, le taux de survie naturelle est de 40 %, contre 60 % d'avril à septembre.

Caractères écologiques

La perdrix grise des Pyrénées est une espèce caractéristique des landes et pelouses situées aux expositions chaudes, depuis le haut de l'étage montagnard jusqu'à la base de l'étage alpin. Toutes saisons confondues, l'occurrence de l'espèce est maximale entre 1 300 et 2 200 m au centre et à l'ouest des Pyrénées, et entre 1 900 à 2 500 m à l'est. Sur le domaine atlantique (noyau centro-occidental), l'espèce fréquente principalement les landes à callune (Calluna vulgaris) ou à genévrier (Juniperus communis), voire plus ponctuellement les landes mixtes à rhododendron (Rhododendron ferrugineum) et myrtille. Sur le domaine méditerranéen (noyau oriental), les landes à genêt purgatif (Citysus purgans) en mélange ou non avec le genévrier commun et le raisin d'ours (Arctostaphylos uva-ursi) représentent l'habitat de prédilection. Oiseau généralement considéré comme caractéristique des milieux ouverts, la perdrix grise des Pyrénées affectionne les landes présentant des recouvrements en ligneux bas supérieurs à 60 %. L'alternance de landes d'âges différents, avec des recouvrements en ligneux bas variables mais toujours supérieurs à 40 %, représente l'habitat de reproduction idéal. Les formations herbacées à fétuque en panicule (Festuca paniculata) offre également un couvert intéressant pour la reproduction.

À l'automne, les reposoirs à troupeaux, caractérisés par l'abondance des plantes nitrophiles, sont particulièrement attractifs pour les oiseaux. L'espèce utilise également, en toutes saisons, les pré-bois de pins à crochets (Pinus uncinata).

En hiver, l'utilisation de l'habitat dépend de l'importance de l'enneigement. L'oiseau utilisera, selon les cas, soit les mêmes habitats qu'en période de reproduction, soit les pelouses rases d'altitude régulièrement déneigées par le vent ou encore les zones de cultures situées à basse altitude (céréales, prairies de fauche).

Figure 2 : Habitat de reproduction typique de la perdrix grise des Pyrénées
(Ph. : C. Novoa/ONCFS) .

Répartition géographique

La perdrix grise est une espèce euro-turkmène, habitant l'Eurasie, depuis l'Irlande jusqu'au Kazakhstan et de la Finlande à la Turquie.

L'aire de répartition de la sous-espèce hispaniensis est limitée aux trois massifs franco-espagnols : Pyrénées, Monts Cantabriques et Système Ibérique.

  • Distribution de l'espèce en France

 

Distribution de l'espèce en France

En France, la présence régulière de cette sous-espèce a été notée, au cours de la décennie 1990-99, sur 301 communes réparties sur les six départements pyrénéens.

L'aire de répartition communale est relativement stable. Au cours de cette décennie 1990-99, la disparition de l'espèce a été notée sur 9 communes pyrénéennes, 3 dans le département des Pyrénées-Atlantiques et 6 dans les Hautes-Pyrénées.

Un noyau relictuel de perdrix grise de montagne, non apparenté à la sous-espèce hispaniensis, subsiste encore sur les 11 communes de la Lozère (Parc National des Cévennes).

 

Figure 3 : Répartition.

Statut de l'espèce

Directive Oiseaux : annexe I (JO du 08/05/91).

La sous-espèce hispaniensis ne figure pas en tant que telle aux annexes II.1 et II.2 (espèces dont la chasse est autorisée). Cependant, l'espèce Perdix perdix étant inscrite à l'annexe II.1, on considère généralement que l'ensemble des sous-espèces rattachées le sont aussi.

La perdrix grise est également inscrite à l'annexe III de la Convention de Berne (espèces de faune protégée dont l'exploitation est réglementée).

Chasse autorisée en France et en Catalogne, mais non autorisée dans la plupart des provinces espagnoles (Asturias, Cantabria, Aragon, Rioja)

  • Mesures réglementaires prises en France
  • Statut de conservation

Mesures réglementaires prises en France

L'espèce figure en tant que gibier sédentaire dans l'arrêté ministériel du 26/06/1987. Elle est considérée également comme espèce gibier de montagne dont la chasse est soumise à un carnet de prélèvement (arrêté ministériel du 07/05/1998). Sa chasse peut être autorisée du 1er dimanche de septembre au dernier jours de février, mais pour des raisons de conservation de l'espèce, la période de chasse s'étale généralement au plus tôt du deuxième dimanche de septembre au dernier dimanche de novembre au plus tard.

Le nombre de jours de chasse autorisés et les Prélèvements Maximums Autorisés (PMA) varient selon les départements ; pour la saison 2001, le nombre de jours autorisés a varié de 10 à 37 et les PMA de 2 perdrix/jour/chasseur à 6 perdrix/saison/chasseur.

Dans certains cas, l'espèce fait l'objet d'un plan de gestion cynégétique approuvé par le préfet.

La chasse en temps de neige est interdite.

La commercialisation de l'espèce n'est pas interdite au plan national, cependant, pour des raisons de préservation de l'espèce, le préfet peut en interdire la vente dans le mois qui suit l'ouverture de la chasse.

Pour préserver la spécificité génétique de la perdrix grise des Pyrénées, les lâchers de perdrix grise d'élevage sont interdits par arrêté préfectoral sur tout ou partie de 5 des 6 départements pyrénéens (Ariège, Aude, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales).

Statut de conservation

En date du : 1 janvier 2004

France : « espèce en déclin » dans la liste rouge nationale des oiseaux.

Europe : « espèce vulnérable » classement « Species of European Conservation Concern », « espèce d'intérêt communautaire ».

IUCN: « lower risk », « least concern ». En d'autres termes, pas de danger immédiat de disparition de l'espèce, considérée dans la globalité de son aire de répartition. Cependant, ces classements ne tiennent pas compte de la situation particulière des isolats montagnards (cas de la perdrix grise des Pyrénées).

État des populations et menaces potentielles

Les effectifs de perdrix grise des Pyrénées sont évalués actuellement entre 2 000 et 6 000 couples pour l'Espagne. En considérant une densité moyenne de un couple par km², l'effectif des Pyrénées françaises serait d'au moins 3 000 couples reproducteurs.

Sur 3 sites de référence situés dans la partie orientale des Pyrénées, les effectifs de mâles chanteurs au printemps sont en régression sur un site, stable sur un autre et en augmentation sur le troisième. Les analyses de tendance, réalisées sur les densités d'oiseaux adultes obtenues à partir des comptages d'été, ne révèlent pas de tendance particulière pour la période 1992-2002 : stabilité sur 5 sites et tendance à la hausse sur 1 site. Les populations de perdrix grises des Pyrénées se caractérisent par de fortes fluctuations d'abondance, trouvant probablement leur origine dans les variations inter-annuelles de survie hivernale (conditions météorologiques, chasse, prédation) et de réussite de la reproduction.

  • Menaces
  • La chasse
  • Les pathologies
  • La prédation
  • Les conditions météorologiques
  • Les infrastructures et la fréquentation touristique
  • L'exploitation pastorale et agriculture de montagne

Menaces

  • La chasse
  • Les pathologies
  • La prédation
  • Les conditions météorologiques
  • Les infrastructures et la fréquentation touristique
  • L'exploitation pastorale et agriculture de montagne

La chasse

À l'échelle des Pyrénées françaises, les prélèvements cynégétiques réalisés au cours des saisons de chasse 1998, 1999 et 2000 ont varié de 1 500 à 2 000 perdrix grises. La perdrix grise des Pyrénées apparaît donc comme un des galliformes de montagne les plus chassé en France. En considérant un indice de reproduction moyen de 3 jeunes, ces prélèvements par la chasse représentent environ 8 % des effectifs présents avant chasse, ce qui serait compatible avec le maintien des effectifs. Un taux de prélèvement inférieur à 15 – 20 % ne devrait pas compromettre le maintien des effectifs à long terme. Cependant, l'impact de la chasse pourrait être plus marqué sur les populations en marge de l'aire de répartition.

Les pathologies

On ne dispose d'aucune étude relative à la pathologie des perdrix grises des Pyrénées. Les risques sanitaires liés aux lâchers de perdrix grise d'élevage ont été évoqués pour expliquer localement le déclin des populations de perdrix grises naturelles, mais sans preuves à l'appui.

La prédation

La perdrix grise des Pyrénées est soumise à une forte prédation, responsable en grande partie des taux de survie extrêmement faibles observés chez cette espèce. Les contributions respectives des carnivores et des rapaces sont comparables, alors que pour les populations de plaine la prédation par les rapaces semble être dominante. Tous prédateurs confondus, le pic de mortalité le plus important se situe en hiver durant les mois de décembre et janvier. De juin à septembre, les adultes accompagnés de jeunes sont particulièrement vulnérables à la prédation par les carnivores (renard, martre, hermine). La prédation par les rapaces s'observe principalement d'octobre à janvier. La prédation joue certainement un rôle clé dans les fortes variations d'effectifs de perdrix grises des Pyrénées, surtout pour les populations non soumises à la chasse.

Les conditions météorologiques

Comme la plupart des espèces de galliformes, les jeunes oiseaux sont sensibles aux intempéries durant les 2-3 premières semaines de vie. En montagne, les orages de grêle au moment des éclosions affectent la survie des poussins. En hiver, les perdrix grises semblent être plus affectées par la hauteur et la durée de l'enneigement que par des températures extrêmes. La perdrix grise des Pyrénées est capable de gratter la neige jusqu'à 30 cm de profondeur pour atteindre la nourriture verte, base de son alimentation hivernale. Les chutes de neige importantes obligent les oiseaux à effectuer des déplacements à plus basses altitudes, parfois sur des distances d'environ 20 km. Si neige et froid peuvent entraîner occasionnellement une mortalité directe des oiseaux par affaiblissement général, ces deux facteurs rendent surtout les oiseaux plus vulnérables à la prédation.

Les infrastructures et la fréquentation touristique

La perdrix grise des Pyrénées semble peu affectée par la fréquentation touristique et les implantations qui lui sont liées. Sur certains domaines skiables, la mortalité des oiseaux par collision dans les câbles de remontées mécaniques a été notée de façon ponctuelle.

L'exploitation pastorale et agriculture de montagne

L'habitat de la perdrix grise des Pyrénées est étroitement lié au maintien des activités pastorales, comme en témoignent ses exigences en terme d'habitat de reproduction, ou encore ses choix alimentaires. Les effets de la fermeture du couvert, consécutive à la déprise pastorale, sont apparemment moins préjudiciables que pour d'autres espèces de perdrix. En effet, la perdrix grise des Pyrénées apparaît comme relativement tolérante vis à vis de la fermeture des landes, recherchant même des couverts en ligneux bas de 40 % et plus pour la reproduction. Le stade ultime de ce processus, reforestation des landes, peut cependant entraîner une perte d'habitat pour l'espèce. Le feu pastoral, traditionnellement utilisé pour limiter ce processus d'enfrichement, présente à la fois des effets négatifs à court terme, réduction du couvert disponible pour la reproduction, mais aussi un effet bénéfique à plus long terme, en assurant le maintien des milieux ouverts. Les effets des feux pastoraux dépendront donc fortement de leurs caractéristiques : intensité, étendue, fréquence…

Dans les Pyrénées centrales et occidentales, on observe au cours de ces dernières années une reconquête des espaces pastoraux récemment abandonnés. D'importantes opérations de débroussaillage mécanique, bénéficiant le plus souvent d'aides publiques, ont été réalisées sur des habitat à perdrix grise des Pyrénées sans concertation préalable, aboutissant localement à l'élimination totale du couvert de reproduction.

En limite inférieure des massifs, le recul, pour ne pas dire la disparition, de l'agriculture traditionnelle de montagne a probablement entraîné une perte d'habitat pour l'espèce. La réduction des surfaces emblavées au profit des surfaces en herbe, l'abandon des cultures sur pentes sont autant de facteurs jugés défavorables à l'espèce.

Propositions de gestion

  • Propositions relatives au biotope et au dérangement
  • Propositions relatives à la chasse
  • Exemples de sites ayant fait l'objet de mesures de gestion spécifiques
  • Évaluation de l'impact économique des mesures de gestion spécifique

Propositions relatives au biotope et au dérangement

Sur le long terme et à grande échelle, la persistance de l'habitat de la perdrix grise des Pyrénées est synonyme de maintien des activités pastorales et de son principal corollaire l'utilisation du feu pastoral. A plus court terme, cependant, l'intensité de ces activités peut influer largement sur la qualité de l'habitat de la perdrix grise. Une pression pastorale trop forte, une utilisation trop fréquente et trop étendue du feu peuvent entraîner par exemple une détérioration des habitats de reproduction. La gestion pastorale, et en particulier l'utilisation du feu pastoral, devrait donc se faire de façon raisonnée, en conciliant autant que possible, les objectifs d'amélioration pastorale avec ceux de préservation de l'habitat de la perdrix grise. Pour ce faire, les brûlages dirigés réalisés en conditions froides (humidité atmosphérique, présence de neige au sol) semblent être la technique la mieux appropriée pour atteindre cet objectif. Ce type de brûlage permet de conserver ou de créer une alternance de couvert de structures différentes très favorable aux perdrix grises. L'habitat de reproduction type est en effet constitué d'une mosaïque de pelouses et de landes présentant des degrés de fermeture aussi variés que possible. Dans le cas des aménagement pastoraux, on s'efforcera donc de préserver un minimum de 50 % de couvert, distribué autant que faire se peut en petites unités (< 2 ha). La fréquence des brûlages devra nécessairement tenir compte de la vitesse de restauration du couvert après le passage du feu, elle-même dépendante des conditions de station (altitude, sol, climat, pression pastorale…). A titre d'exemple, une périodicité des brûlages supérieure à 10 ans est préconisée dans le cas des landes subalpines à genêt purgatif des Pyrénées-Orientales. Les mêmes recommandations pratiques peuvent s'appliquer aux opérations de débroussaillage mécanique.

En limite inférieure de l'habitat (plateaux de moyenne altitude, bas de versant), les cultures, notamment céréales d'hiver, peuvent s'avérer très attractive pour les perdrix grises, en particulier comme apport de nourriture verte en période hivernale.

Pour diminuer la mortalité accidentelle par collision, certains équipements de domaines skiables (téléskis, lignes électriques) ou pastoraux (clôtures) peuvent être équipés de dispositifs de visualisation, après repérage des tronçons meurtriers.

Figure 4 : Brûlage dirigé en conditions froides, meilleur compromis entre amélioration pastorale et conservation de l'habitat de la perdrix grises des Pyrénées
(Ph. : C. Novoa/ONCFS).

Propositions relatives à la chasse

Afin de préserver la spécificité tant génétique que phénotypique de la perdrix grise des Pyrénées, les lâchers de perdrix grises d'élevage sont à proscrire en zone de montagne.

L'application d'un plan de chasse est recommandée. Contrairement aux tétraonidés, il est difficile de proposer des seuils de prélèvement basés uniquement sur la réussite de la reproduction observée en août. En effet, on peut observer une bonne réussite de la reproduction, mais avec un nombre de nichées (couples accompagnés de jeunes) si faible qu'il réduit à néant toutes possibilités de prélèvements. Il paraît donc plus judicieux d'estimer les densités moyennes de perdrix grises avant chasse et de calculer, à partir de ces dernières, les possibilités de prélèvements.

L'estimation de l'abondance des perdrix peut se faire à partir de comptages au chien d'arrêt réalisés au mois d'août sur des secteurs échantillons répartis sur l'ensemble du massif. Les seuils de prélèvements proposés varient de 0 lorsque les densités moyennes en août sont inférieures à 10 perdrix grises au 100 ha à 15 % lorsque les densités sont supérieures ou égales à 30 perdrix / 100 ha. Même si cette démarche présente de nombreux points faibles, en particulier le fait de considérer les densités moyennes sur secteurs échantillons comme représentatives de l'ensemble du massif, elle permet au moins de réduire, voire de suspendre, les prélèvements par la chasse, lorsque les densités avant chasse sont au plus bas (principe de précaution).

Exemples de sites ayant fait l'objet de mesures de gestion spécifiques

  • Plan de chasse : un plan de prélèvement basé sur les mesures décrites ci-dessus a été mis en œuvre sur le massif du Carlit (Pyrénées-Orientales) depuis 1995.
  • Gestion des habitats: aucune opération spécifique de restauration des habitats n'a été réalisée à ce jour dans les Pyrénées. La gestion des habitats se limite actuellement à formuler des recommandations pour la conservation du couvert de reproduction dans le cadre des opérations d'amélioration pastorale (brûlages et débroussaillages). Des brûlages dirigés expérimentaux, à vocation pastorale mais intégrant des « recommandations perdrix grise des Pyrénées », ont ainsi été réalisés sur le massif du Carlit. Dans le cadre de cette expérimentation, la comparaison des tendances des effectifs entre les secteurs brûlé et témoin n'a révélé aucun effet marqué des brûlages.

Si la prise en compte des « recommandations perdrix grise » est régulièrement mise en œuvre dans les Pyrénées orientales, cette démarche est encore loin d'être systématique dans les Pyrénées centrales et occidentales.

Évaluation de l'impact économique des mesures de gestion spécifique

Le feu ou les débroussaillages mécaniques sont généralement utilisés dans le cadre d'opérations d'amélioration pastorale, mais leur emploi peut être également envisagé, à des fins cynégétiques, pour réouvrir par exemple des landes trop fermées, en cours de reforestation. Le coût moyen de ces interventions peut être estimé à 150 euros par ha pour le cas des brûlages dirigés et à 900 euros par ha pour les débroussaillages mécaniques. Notons que dans ce dernier cas, l'utilisation d'engins de débroussaillage peut être rapidement limitée par la pente ou l'encombrement du milieu (rochers, arbres).

Axes de recherche à développer

La survie hivernale des jeunes oiseaux et le succès de la reproduction semblent être deux paramètres déterminants de la dynamique des populations de perdrix grise des Pyrénées. Pour mieux comprendre les fortes variations d'effectifs caractéristiques de l'espèce, il serait souhaitable d'améliorer nos connaissances sur l'influence respective des facteurs prédation, météorologie et chasse sur la survie hivernale, ainsi que l'influence des deux premiers sur le déterminisme de la reproduction. L'impact de la chasse, en tant que mortalité additive ou compensatoire, devrait également être abordée dans ce cadre là, afin d'améliorer le calcul des prélèvements admissibles par la chasse.

Contrairement au cas généralement observé chez les oiseaux, la dispersion post-natale des jeunes oiseaux semble être biaisée en faveur des jeunes mâles, les poules se montrant plus philopatriques que les jeunes mâles. Pour mieux comprendre le fonctionnement des populations de perdrix grises, ces résultats préliminaires mériteraient d'être confortés aussi bien par le marquage que par une approche génétique de la question.

Afin de préciser les mesures de gestion des habitats à perdrix grises du domaine atlantique, il est nécessaire d'améliorer nos connaissances sur les habitats recherchés en période de reproduction dans le contexte des Pyrénées centrales et occidentales

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Auteur : C. Novoa.

L'article et les illustrations sont de l'ONCFS. La version originale de cette fiche de l'ONCFS est publiée sur internet ici...

Publication 2004.