L'arrêt - Origines de l'arrêt

Publié dans La chasse

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Les origines de l'acte réflexe d'arrêt

VisaIl existe moult hypothèses concernant la création du chien d’arrêt.

Dans de nombreuses espèces animales, mais peut-être plus spécialement chez les canidés, avant de saisir sa proie, le prédateur marque un temps d’immobilité plus ou moins long. XÉNOPHON, dans son écrit “ L’art de la Chasse”, décrit des chiens qui, “lorsqu’ils l’aperçoivent (le lièvre), tremblent et n’avancent pas avant de le voir débouler.”
On a cru lire dans cette observation la définition du chien d’arrêt.

PLINE LE JEUNE a décrit le canis avarius en affirmant qu’il hypnotisait le gibier du regard; pendant que l’animal sauvage était immobilisé, le chasseur avait le temps de préparer et poser ses filets.
Certains pensent que l’on a dressé des chiens à l’arrêt parce qu’ils appartenaient à des races moins rapides, donc moins aptes à chasser à courre, seule chasse noble et vraie pendant des siècles.

Pour BUFFON, le chien d’arrêt, ou chien “couchant” descend du chien courant. Cette origine semble possible, car au départ, pour trouver la piste du grand gibier (cerfs, loups, sangliers, chevreuils, renards), avant le courre, on utilisait un chien dit “limier”.Le “limier” est un chien courant possédant un nez très fin, sélectif, travaillant en laisse et en silence .Jacques du FOUILLOUX (1561) définissait les limiers comme “ chiens qui ne parlent point.“Pour Jacques de CLAMORGAN (1566), le limier est un “ .chien quérant ou quêtant”.
Pour M. de YAUVILLE, le limier est “ fait pour travailler à la main et ne pas donner un coup de gueule.”

Le chien limier fut utilisé pour des gibiers vraiment très différents. Il était dressé pour le loup, le cerf ou la perdrix.
Ce type de chien correspondrait à la charnière entre le chien courant et le chien couchant.

Le LAROUSSE DU CHIEN définit le “limier” comme un chien dressé à suivre la voie des grands gibiers en forêt.
On constate que le chien “limier” reste en relation permanente avec son maître, travaille en silence et marque le gibier par immobilisation. Toutes ces qualités ne font-elles pas la définition du chien d’arrêt ? Au départ, le chien “limier” le plus prisé fut le chien LACONIEN (SPARTE). On le croisa avec divers types de chiens. Il n’est donc pas exclu qu’il soit à l’origine du chien d’arrêt. Mais là, les preuves manquent.
Au XVI ème siècle, on classait ensemble “LIMIERS” et “BRAQUES”, dont le rôle était de sentir et de repérer le gibier. À cette époque, les armes à feu pour la chasse n’existaient pas.

Il ne cherche pas librement, mais marche maintenu en laisse longue, en silence, le nez au sol, devant le chasseur qu’il tire derrière lui. S’il trouve une piste, il s’immobilise jusqu’à ce que le chasseur s’approche, et il lui embrasse joyeusement les pieds et reste planté près de la tanière du gibier, qui se trouve habituellement dans un fourré.”

Il faudra attendre la fin du XIXème siècle pour que l’on évoque la chasse au chien d’arrêt, et plusieurs décennies après, le chien d’arrêt sera totalement reconnu. Aujourd’hui, dans la cynophilie moderne, il est placé dans le 7ème groupe qui comprend les chiens d’arrêt dits britanniques (Setters, Pointers) et les chiens d’arrêt continentaux (Braques, Épagneuls, Griffons...). Ensemble, les chiens d’arrêt représentent l’un des groupes les plus fournis de la cynophilie.

À cette époque, le chien “couchant” devait s’aplatir au sol, très près des perdrix, cailles, qui étaient certainement moins farouches que de nos jours, pour que le chasseur puisse recouvrir chien et gibiers avec un filet ou “tirasse”.
À ce sujet, la première représentation connue d’un chien d’arrêt est un marbre du VATICAN (début de l’ère chrétienne). Il s’agit incontestablement d’un “Braque” à oreilles tombantes, dans la position de l’arrêt, une patte relevée et repliée. Sans doute arrêtait-il une caille ou des perdrix, ou d’autres petits gibiers, que le chasseur s’apprêtait à recouvrir d’un filet.

TOUSSENEL, dans son ouvrage "L’esprit des animaux”, écrit que le chien d’arrêt “est comme la rose double : c’est un chien greffé sur un chien courant qui redevient sauvage, comme la rose double, quand la greffe est mal faite.”
Il a voulu exprimer dans cette comparaison que le chien d’arrêt descend directement du chien courant.

On peut estimer que le chien d’arrêt est une création récente ; il serait né des besoins des fauconniers qui voulaient un chien qui fasse voler le gibier. Plus tard, ils ont opté pour un chien qui marquait l’animal gibier au lieu de lui courir après.
Pour d’autres, la création du chien d’arrêt résulte de l’observation déjà signalée que les chiens, comme les autres canidés sauvages, et en particulier les félins, marquaient un temps d’arrêt qui leur permettait d’évaluer la nature de la proie avant le bond final. Il semblerait que c’est cette caractéristique que l’on a sélectionnée et qui a produit l’arrêt au sol du chien “de filet”.
Le croisement entre l’ancien chien de berger, docile et intelligent, et l’ancien chien courant, au flair très développé et nourrissant une grande passion pour la chasse, a eu une importance fondamentale pour la fixation du chien d’arrêt. Ces croisements avec des chiens de bergers qui, selon les lieux, avaient le poil ras ou le poil long, le poil laineux et le museau portant barbe et moustaches, le poil long et le museau sans barbe ni moustaches ont donné naissance aux trois grandes catégories de chiens d’arrêt que l’on trouve aujourd-’hui : les BRAQUES, à poils ras, les GRIFFONS à poils durs ou laineux, les ÉPAGNEULS à poils longs et soyeux, selon M. SANTARELLI (1967).

Autre hypothèse formulée par certains : il arriva un moment de l’histoire, peut-être devant l’évolution de la faune gibier et l’abondance du gibier à plumes qui s’envolait rapidement et définitivement hors de portée, alors que lièvres, chevreuils, loups, sangliers, pouvaient être poursuivis par les meutes de chiens courants et finissaient par être rejoints, épuisés de fatigue et poussés vers les ravins, les trappes et pièges à filets, certains chiens se spécialisèrent dans la chasse aux oiseaux.
Au lieu de courir, le chien devait s’approcher lentement, sans cri, pas à pas, en observant des poses et en restant parfaitement immobile. Le chien restait figé, les narines dilatées pour capter les émanations, en déduire la distance qui le séparait de sa proie et de décider de l’instant idéal pour bondir et saisir le gibier.
L’homme chasseur observa cette technique et la perfectionna par le dressage en la limitant au “coulé” pas à pas et à l’arrêt, la pose du filet, puis plus tard, le tir remplaçant la charge du chien.

Concernant l’origine de l’appellation Chien d’arrêt, elle remonterait au XV ème siècle. À cette époque, des français importent d’ITALIE des braques, appelés au XVI ème siècle “cane da reté”, soit chien de filet.
Cette expression fut transformée en langue française en “chien d’arrêt”.