Les différents types d'arrêt
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Un article du Dr Jean-Paul Boidot (*)
Cet article a été publié dans le journal "La Mordorée"et sur le site du CNB.
Il existe des arrêts que nous qualifierons de complexes.
En plus de réflexe d’immobilisation ; ils sont complétés par des manoeuvres supplémentaires
permettant une capture plus facile du gibier arrêté.
L’arrêt contourné.
Dans un premier temps, le chien à l’arrêt attend son conducteur. Ce dernier une fois arrivé, le chien rompt son arrêt, et dans un second temps, effectue une manoeuvre de contournement permettant une prise en tenaille du gibier qui sera ainsi bloqué entre lui et son conducteur.
Dans cette démarche, le chien se substitue au chasseur. Le chien prend une pose d’arrêt “bis”, dans une position moins académique, moins tonique au niveau musculaire, mais plus expressive, plus attentive dans le regard, le port d’oreilles, le port de tête.
J’ai eu une chienne Pointer, VALIA des BERGES du STERGOZ, qui effectuait cette manoeuvre, uniquement dans des circonstances bien précises : lors d’arrêts en bordure forestière ou dans des allées forestières. Lors de la deuxième phase, elle allait se placer dans le boisé, dans l’espoir que l’oiseau prenne son envol vers le clair.
J’ai connu un Setter anglais, LEADS, à M. de la SABLIÈRE, qui effectuait ce type d’arrêt presque à chacune de ses sorties bécassières. Cette technique de l’arrêt contourné est innée dans la grande majorité des cas. Elle peut être initiée par un autre chien s’il existe une grande complicité entre les deux individus.
Pour LEADS, ce très grand bécassier, il parachevait son oeuvre (n’en déplaise aux puristes !) par une charge de l’oiseau à l’ordre, ce qui obligeait ce dernier à monter en chandelle, le rendant très vulnérable.
D’autres amis, dont Jo ALEXIS, m’ont relaté de tels faits.
L’épagneul breton semble être le chien qui pratique le plus souvent cet arrêt contourné.
Le Docteur MONTOUCHET, témoin de cet acte, écrit : “ Ceci est le plus souvent inné, s’observant dans certaines lignées de chiens.”
Je considère que l’arrêt contourné correspond à une preuve d’intelligence de notre auxiliaire. Ici, l’arrêt sort de l’instinct, du réflexe.
Maurice de la FUYE voit, dans ce type d'arrêt contourné, la confirmation du chien bécassier parfaitement créancé : " On a écrit partout que le chien créancé à cette chasse "tourne" la bécasse, la place entre son maître et lui, et l'oblige ainsi à partir vers le fusil qui l'attend : c'est exact."
L’arrêt “signalé”.
Le chien, à l’arrêt depuis un moment, se rendant compte que son conducteur a du mal à le localiser, fait tinter volontairement sa campane par des mouvements légers de l’encolure afin de signaler sa présence. Il est bien évident que cette initiative, génératrice d’émotion et de plaisir, disparaît avec l’utilisation du beeper ou sonnaillon électrique.
Dans LA MORDORÉE N° 28 de juillet 1955, page 3 : “ Dans le dernier bulletin, M. RAMPOU signale que son chien à l’arrêt le prévient en agitant son grelot lorsque son maître tarde à le rejoindre.”
Noël LEFEUVRE (MORDORÉE N°172) : “ J’ai également constaté ce fait avec mon vieux Setter, d’une façon indiscutable. Cette saison, à plusieurs reprises, j’entendis tinter sa clochette, mais d’une façon plus faible qui ne pouvait être confondue avec le tintement qui se produit lorsque le chien se déplace.”
L’arrêt “rapport”.
C’est un “arrêt de circonstance”. Il est rare. À deux reprises, je fus témoin de cette situation. Une première fois lors d’un Field Trial sur bécasse tirée, avec REMUS du PATTON, Setter anglais conduit à l’époque par Jean-Christophe LAVIT. Le chien arrête une bécasse qui est tirée et tuée ; il la récupère, et en revenant vers son conducteur, reprend une pose d’arrêt, pratiquement à l’endroit où il avait pris la première :
Étonnement de tous, juge compris. M. LAVIT s’approche de REMUS qui, malgré l’ordre de retour, ne bougeait pas. Le conducteur arrive à la hauteur du chien, le fait couler, et un second oiseau prend son essor, REMUS ne lâchant toujours pas la bécasse qu’il est en train de rapporter.
Quelques années plus tard, je connus le même spectacle avec ma chienne TOPAZE du MOULIN d’ONYX, dans le bois de Coat Forn à SCAËR (29), en action de chasse, où j’eus le plaisir d’avoir les deux oiseaux.
Il serait hasardeux de ma part de vous expliquer ce mécanisme uniquement par un captage d’émanation directe pour le second oiseau, ou d’un arrêt à vue, le second oiseau devant effectuer, peut-être, un mouvement au sol qui nous échappe, mais que le chien remarque, à moins que, lors de la première pose d’arrêt, le chien ait éventé deux émanations différentes et s’en souvienne au moment du rapport de l’oiseau tué ?
L’arrêt “aboyé”.
Le chien est en pose d’arrêt depuis un certain temps ; le conducteur n’est pas sur le site au moment où l’oiseau décolle. Le chien signale alors l’envol par quelques aboiements à l’intention du maître.
L’arrêt “guidé” ou “doublé”.
À mon avis, c’est l’apothéose chez un chien bécassier, preuve d’intelligence poussée.
Jamais je n’ai connu de tels chiens. De rares bécassiers m’en ont parlé.
Émile BOURDON, Maître bécassier, m’a confirmé ce fait qu’il a d’ailleurs relaté dans son ouvrage :”Bécasse, ma Passion” (page 114/115) :
“ Vous connaissez tous, ou vous avez connu des chiens qui revenaient chercher leur maître pour le conduire sur la bécasse et l’arrêter à nouveau.
Je l’entendis revenir tout près, quand le vent se calma un peu.
Arrivé à dix mètres de moi, il repartit doucement, bien déterminé, regardant si je le suivais.
Il me conduisit dans une ancienne carrière, assez profonde, garnie de maigres saules et d’ajoncs. Il se mit à l’arrêt. La bécasse était toujours là, et son départ du fond de la carrière me permit un tir facile.”
Cet arrêt “guidé” et “doublé” ou “bis” prouve bien que le chien reste totalement conscient lorsqu’il est à l’arrêt, et qu’en aucun cas il n’entre en état d’hypnose assimilé à une certaine perte de conscience ou à un état proche du sommeil.
Pendant l’arrêt, le chien contrôle le gibier, situe son maître par rapport à l’oiseau et à l’environnement. L’arrêt devient un réflexe contrôlé, un acte plein de sens et de compréhension.
Daniel RAFFEJEAUD confirme cette méthode du chien quittant son arrêt et revenant chercher son maître, mais la trouve peu efficace : " C'est très spectaculaire et ça "épate" les amis, mais ça ne paie pas, car entre temps, la bécasse a couru et elle s'envole très souvent lorsque nous revenons, précédés du chien."
Autre exemple de récit à ce sujet proposé par Maurice de la FUYE qui voit dans cet arrêt le fin du fin : …" Et c’est le fin du fin. Je n’en connais que des exemples rarissimes : avoir un chien assez “ humain “ pour rompre son arrêt de lui-même, revenir au maître et le conduire à la bécasse. Je n’avais jamais osé émettre cette idée si, dans “ La chasse des Bécassines “, le vicomte d’APPLINCOURT n’avait conté ce trait extraordinaire, mais rigoureusement exact d’un de ses chiens de marais qui vint ainsi le chercher, en faisant un grand détour pour franchir un cours d’eau sur un pont, le conduisit vers le gibier et reprit son arrêt à mauvais vent, donc de mémoire.”
Remarques concernant ces arrêts complexes.
Les puristes du chien d'arrêt ne croient pas à la réalité de ces "arrêts manoeuvrés". Pour eux, le chien a mal localisé les émanations de l'oiseau ; il n'a pas arrêté la viande, et pour justifier leurs critiques, ils déclarent qu'en plaine, ils n'ont jamais constaté ce type d'arrêt.
Je pense que la technique de chasse au bois (ou en milieu fermé) exige du chien une approche
différente, car la transmission des émanations n'est pas comparable à celle de la plaine. Ce type d'arrêt vient souvent progressivement, avec le temps, et le chien adopte bien une deuxième position qui fait front au chasseur, soit à 180° . Il pourrait, la seconde fois, se bloquer autrement dans cet arrêt contourné (à 30, 40, 90°). Il est patent que le chien, dans sa seconde posture d'arrêt, n'a pas exactement la tonicité égale à celle du premier arrêt ; le style n'est pas exactement le même.
Sans en être certain, je pense que l'arrêt contourné, mais également les autres arrêts qualifiés de complexes, correspondent à un grand stade de créance pour la chasse de la Bécasse des bois.
Cet arrêt contourné semble très discuté, pour ne pas dire contesté, par certains cynophiles.
Il semble bon de rappeler ce que l'on écrivait au XVII ème siècle :
" Les chiens ont trois manières d'arrêter. Les uns pointent seulement ; d'autres font le tour du gibier; enfin, d'autres font les deux. Le chien qui fait le tour du gibier est bien plus sûr, pour deux raisons.
D'abord, comme il sait quitter l'endroit où il est, s'il trouve que l'effluve de la perdrix est trop rapproché, il se retire aussi loin qu'il juge nécessaire pour ne pas la déranger, puis, à mesure qu'il fait son tour, la perdrix s'aplatit davantage, se figurant que le chien ne sait pas où elle est. Ces chiens-là ne sont pas trompés par le retour de vent, comme les chiens qui pointent seulement, car en faisant leur tour, ils rencontrent et l'effluve direct de l'oiseau et son émanation ramenée par le retour du vent.
Chez ces chiens qui font le tour, il existe deux manières de montrer le gibier : ou le chien décrit un cercle et ne s'arrête jamais pour pointer, mais en arrivant là où il peut sentir la perdrix, tourne la tête, toujours sans s'arrêter, comme pour indiquer l'endroit où est l'oiseau… ou le chien fera le tour et s'arrêtera dans le vent, indiquant le gibier. Ces derniers chiens sont les meilleurs, car ils indiquent clairement au chasseur où est la perdrix.
Il y a encore d'autres chiens qui font la moitié de leur tour et arrêtent dans le vent. Ceux-là ne savent pas ce qu'ils font, et s'ils essaient d'achever leur cercle, se perdent, tombent sur les perdrix et les mettent à l'essor." (Le Pointer. W. ARKWRIGHT, ,P. 46, 47.)
Et pour conclure :
" Voilà les différentes manières dont chassent les chiens ; les meilleurs sont ceux qui arrêtent et aussi font le tour, et ceux qui font simplement le tour. Quand il s'agit de chiens médiocres, je préfère celui qui arrête, parce que, lorsqu'il est à l'arrêt, il est tranquille et ne dérange pas le gibier ; s'il s'agit de bons chiens, celui qui sait et faire le tour et arrêter, est , de beaucoup, préférable aux autres."
Aujourd'hui, cet arrêt contourné paraît plus fréquemment observé lors de la chasse de la bécasse des bois.
Si on se rapporte aux explications précédentes, les conditions de la chasse sous bois, où les émanations sont difficiles à prendre à distance, le vent n'y soufflant pas également et les obstacles nombreux pouvant ralentir, stopper, modifier leur répartition. Cela entraînerait des arrêts très courts, avec risque de départ précipité du gibier, d'où cet éloignement sécuritaire par un contournement.
On pourrait également évoquer les méthodes d'antan pour la capture des perdrix avec la pose de filets sur le gibier et le chien. À cette époque, on apprenait au chien à se coucher lors de la prise d'émanation et à contourner les perdrix pour les forcer à se regrouper et à rester tapies, comme on pratique de nos jours avec les chiens à moutons, les labrits. Les chiens étaient dressés pour réaliser ce comportement.
De nos jours, certains chiens ont conservé, peut-être par instinct, cet arrêt couché, accompagné, suivant les circonstances, de l'acte de contournement.
Il ne faut pas oublier que cette technique du contournement fut un des éléments de la réussite lorsque les chasseurs utilisaient l'arbalète. Le chien étant à l'arrêt, le tireur à l'arbalète devait s'approcher avec précaution de l'oiseau ; le risque était de faire fuir la ou les perdrix. Alors, avant cette approche, il fallait couper cette fuite possible du gibier, et le chien était dressé à cette manoeuvre d'encerclement.
L’arrêt “évité” ou “refusé” ou arrêt “blinké”.
Dans certains cas, le chien refuse d’arrêter le gibier. On dit, en jargon cynophile qu’il “blinke”. Cela se constate essentiellement sur de jeunes chiens qui, par exemple, ont peur des coups de fusil ou qui ont reçu une correction ou une décharge électrique au moment d’une rencontre avec le gibier : on est en présence d’un chien déboussolé, déstabilisé. En général, dans la majorité des cas, c’est l’homme qui est à l’origine du blinkage. La thérapie sera longue et demandera beaucoup de tact et de patience.
L’absence d’arrêt et l’arrêt “tardif”.
Il peut s’agir d’un chien sans passion pour le gibier ; pour des raisons inconnues, il n’arrêtera jamais. Il semble avoir perdu tout instinct ; son avenir de chien d’arrêt est compromis. La thérapie est décevante. Cependant, par miracle, sans raison, vers 4, 5 ou 6 ans, il peut arrêter son premier gibier. (Un conseil : éviter de le faire reproduire). Dans un autre cas, c’est un chien plein de passion, à la puissance physique réelle qui, dès qu’il a connaissance de l’émanation, bourre et poursuit le gibier.
Ici, rien n’est perdu. Il va falloir se servir du dressage, sachant que, dans cette situation, le “down” aura une grande importance pour redresser la situation.
On peut signaler que l’absence d’arrêt peut, dans des cas très rares, correspondre à une anosmie, c’est-à-dire à une atteinte de l’olfaction qui sera passagère ou définitive (cf. paragraphe olfaction).
Les arrêts particuliers avec intervention combinée des sens olfactifs et visuels..
L’arrêt à patron.
Le “patron” ou arrêt “à patron” consiste, pour un chien, à prendre l’arrêt à la vue d’un autre chien en pose d’arrêt sur un gibier et/ou sur un autre chien qui respecte déjà un autre chien à l’arrêt, et cela à toute distance séparant ces différents chiens.
Ce respect est indispensable pour éviter que l’un des chiens fasse voler le gibier avant l’arrivée du tireur.
Le patron est la faculté innée ou obtenue par dressage que possède un chien à respecter l’arrêt de son congénère de quête en s’immobilisant à vue.
Selon Wiliam ARKWRIGHT, "Un chien de bonne race patronnera invariablement d'instinct. Patronner d'instinct est la caractéristique distinctive d'un jeune chien qui promet ; et c'est même le seul indice sûr d'après lequel le chasseur pourra se
hasarder à pronostiquer une future supériorité." Le même William ARKWRIGHT accorde une grande importance au patron chez le chien d'arrêt et le définit avec talent et précision : " Aussitôt qu'un chien arrête ferme et à propos, ce qu'il faut lui demander ensuite, c'est de bien arrêter à patron. Si vous le sortez avec d'autres chiens, il apprendra cela facilement au premier degré, c'est-à-dire qu'il s'arrêtera quand il verra un autre chien s'arrêter, et quand l'autre se remettra en mouvement, il fera de même. Dans la commune acceptation du mot, c'est ce qu'on appelle arrêter à patron. Mais le véritable arrêt à patron est bien plus parfait.
J’ai quatre chiens travaillant ensemble. L’un arrête. Parmi les autres, disons que deux peuvent le voir et patronner instantanément, mais le troisième, par suite d’un obstacle qui cache sa vue, ne peut pas. Dans ce cas, arrêtez-vous et ne bougez pas tant que tout ne sera pas immobile ; ou bien, laissez travailler ce dernier chien jusqu’à ce qu’il puisse patronner, ou, si vous préférez, faites-le coucher à la main.
Quand vous approcherez le premier chien mentionné, tous les autres devront faire de même, avec précaution ; pourtant beaucoup de gens préfèrent qu'ils restent couchés jusqu'à ce qu'on les appelle.
Le fait qu’un chiot patronne dès ses premières sorties est un gage de qualité de ce chien, selon M. ARKWIGHT : “ Le fait pour un chien d’arrêter le gibier et les alouettes à sa première sortie n’est pas un critère certain de sa valeur; mais on n’aura pas de doute lorsqu’un chien patronne la première fois qu’il voit un autre chien arrêter. C’est une preuve qu’il s’agit d’un sujet de bonne qualité".
On peut considérer qu’il s’agit d’un acte de respect pour chasser avec deux ou plusieurs chiens.
Cet arrêt patron est naturel ; ceux qui ne le possèdent pas peuvent y être mis par un dressage particulier.
Cet arrêt patron s’installe, s’adopte sans difficulté si on utilise plusieurs chiens pour chasser et qui patronnent naturellement. Le nouveau comprendra vite l’obligation du respect de l’autre chien ou des autres chiens.
Les chiens qui ne patronnent pas sont, dans la grande majorité des cas, ceux qui sont toujours utilisés seuls par leur conducteur.
Le non-respect du patron est souvent le résultat d’une mauvaise éducation, d’un mauvais dressage.
Dans certaines circonstances, des chiens de même race se patronnent, alors qu’ils refusent le patron à d’autres races avec lesquelles ils n’ont pas l’habitude de chasser, le Setter anglais refusant le patron à un Pointer ou à un Irlandais par exemple.
Pour mettre un chien à patron par dressage, il faut utiliser un chien ferme d’arrêt, le mettre en présence d’un gibier (par exemple en cage d’envol) et de contraindre l’élève à s’immobiliser à sa vue.
Une autre technique consiste à utiliser une silhouette de chien, que l’on fait apparaître à l’approche de l’élève qui doit s’immobiliser. Ce procédé est très utilisé aux U.S.A. et au CANADA. Cette méthode s’inspire du fait que des chiens bien mis patronnent à des distances importantes des sacs plastiques, des pierres de grande taille, lors de leur quête, ce qui confirme que seul le sens visuel est ici cause de la pose d’arrêt.
En Field Trial, lors des épreuves en couple, le patron doit être spontané ; son refus est éliminatoire.
J’ai possédé une Setter anglais, TOPAZE, trialer sur bécasse et grande bécassière, qui ne supportait pas que ses partenaires de chasse refusent le patron à son égard. En plusieurs occasions, je l’ai vue se “ fâcher” à l’encontre de compagnons sans respect, sans “éducation”.
Lors d’un premier arrêt, si le chien ne respectait pas sa pose, elle lui manifestait un regard réprobateur et elle semblait m’interroger. Si le phénomène se répétait une autre fois, elle rompait son arrêt et coupait la route au “malotru” en grognant : en quelque sorte, c’était le carton jaune. Le troisième non-respect, et c’était le carton rouge : elle se précipitait sur le fautif, quels qu’en soient le sexe et l’âge, et lui administrait une raclée. Le “battu” fuyait la chienne pendant la quête et les arrêts suivants. Bon nombre de compagnons d’une journée de chasse subirent ce dressage sur le terrain. Je dois reconnaître qu’ils ne patronnèrent pas plus ensuite, mais tous s’éloignaient, on peut même dire “blinkaient” à la vue de TOPAZE en position d’arrêt ! ! !
Le chiot respectera facilement l’arrêt de sa mère ou du moniteur, surtout s’il constate que l’on capture régulièrement l’oiseau arrêté. Le danger est de faire chasser longtemps ensemble le chiot et sa mère, car l’élève s’installe dans la “facilité” et le “respect” : il n’arrête pas et se complaît à patronner ; cela ira même parfois jusqu’à la surveillance de son aînée en permanence : il ne chasse plus, mais suit.
Certains vous diront que ces chiens qui patronnent en permanence manquent d’initiative et feront de mauvais ou médiocres chiens.
Personnellement, j’ai eu le cas de FLOSSY du MOULIN d’ONYX, setter anglais liver (couleur foie), qui fut une grande bécassière et dont ce défaut lui passa lors de sa seconde saison de chasse, entre 22 et 26 mois, sans que je m’en rende compte sur le moment ; il n’y eut aucune des séquelles prédites ou annoncées.
Le patron miroir.
Le patron miroir est réalisé lorsque deux chiens qui chassent ensemble se patronnent mutuellement, persuadés que l’autre est à l’arrêt.
Le patron miroir est le résultat d’une incompréhension ou d’un malentendu entre deux chiens parfaitement dressés et chassant ensemble. Ce patron miroir résulte de la surprise des chiens qui quêtent vite, se surprennent et se figent.
Jean-Louis BOYER décrit ce phénomène lors d’une scène de chasse dont il fut le témoin. “ Notre chasseur comprit qu’il venait d’être victime de la perfection avec laquelle ses chiens patronnaient.
Tout avait dû se jouer en un laps de temps infime, comme s’il visionnait un film repassé en marche arrière puis au ralenti. Joseph se représenta AICHA convoyant, au millimètre, la piète de l’oiseau et s’immobilisant un moment pour en analyser plus précisément les effluves.
DOMINO, qui montait dans sa direction, aperçut sans doute sa compagne dans l’un de ces instants-là et patronna sur le champ. À la même seconde, alors qu’elle allait reprendre son pistage, AICHA vit le blue pétrifié : imaginant sans doute qu’il bloquait la fuyarde, elle se statufia à son tour.”
Souvent, en fin de sortie de chasse, lors d’apparition de la fatigue, cette attitude de patron miroir est le plus souvent remarquée, ce qui pourrait faire croire à un acte de récupération .
Cela pourrait correspondre à une baisse de la passion devant la rareté des contacts avec le gibier.
Ces hypothèses seront à vérifier.
L’un de mes couples de chiennes , FLOSSY la Setter et ISATIS la Pointer, qui s’entendaient à merveille et chassaient en grandes bécassières, me proposèrent souvent cette situation .
Classement des différents types d'arrêt rencontrés.
différents types d'arrêtsAutre Classification des arrêts
Classification proposée par M. H. REY, article paru dans "LA REVUE NATIONALE DE LA CHASSE " et " LA SAUVAGINE" (178, juin 1962) et reprise par la revue " LE BÉCASSIER".
Il y est proposé une liste de 36 sortes d'arrêts.
En voici quelques catégories :
- L'arrêt de longueur,
- L'arrêt à bon vent,
- L'arrêt court,
- L'arrêt en laisse,
- L'arrêt médiocre,
- L'arrêt utile,
- L'arrêt intelligent,
- L'arrêt instable,
- L'arrêt de grande classe,
- L'arrêt bloqué,
- L'arrêt de Field,
- L'arrêt artificiel,
- L'arrêt machiavélique,
etc……..
A suivre
Dr Jean-Paul Boidot
L'article a été publié dans le journal "La Modrorée" et a été publié sur le site du CNB.
(*) L'auteur Jean-Paul Boidot est docteur vétérinaire. Il est ancien président et président d'honneur du CNB. Il est aussi fondateur et président de la FANBPO. Jean-Paul Boidot est aussi vice-président de la Fédération des Chasseurs du Finistère.