Les différents types d'arrêt - Remarques
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Remarques concernant ces arrêts complexes. Les puristes du chien d'arrêt ne croient pas à la réalité de ces "arrêts manoeuvrés". Pour eux, le chien a mal localisé les émanations de l'oiseau ; il n'a pas arrêté la viande, et pour justifier leurs critiques, ils déclarent qu'en plaine, ils n'ont jamais constaté ce type d'arrêt.
Je pense que la technique de chasse au bois (ou en milieu fermé) exige du chien une approche
différente, car la transmission des émanations n'est pas comparable à celle de la plaine. Ce type d'arrêt vient souvent progressivement, avec le temps, et le chien adopte bien une deuxième position qui fait front au chasseur, soit à 180° . Il pourrait, la seconde fois, se bloquer autrement dans cet arrêt contourné (à 30, 40, 90°). Il est patent que le chien, dans sa seconde posture d'arrêt, n'a pas exactement la tonicité égale à celle du premier arrêt ; le style n'est pas exactement le même.
Sans en être certain, je pense que l'arrêt contourné, mais également les autres arrêts qualifiés de complexes, correspondent à un grand stade de créance pour la chasse de la Bécasse des bois.
Cet arrêt contourné semble très discuté, pour ne pas dire contesté, par certains cynophiles.
Il semble bon de rappeler ce que l'on écrivait au XVII ème siècle :
" Les chiens ont trois manières d'arrêter. Les uns pointent seulement ; d'autres font le tour du gibier; enfin, d'autres font les deux. Le chien qui fait le tour du gibier est bien plus sûr, pour deux raisons.
D'abord, comme il sait quitter l'endroit où il est, s'il trouve que l'effluve de la perdrix est trop rapproché, il se retire aussi loin qu'il juge nécessaire pour ne pas la déranger, puis, à mesure qu'il fait son tour, la perdrix s'aplatit davantage, se figurant que le chien ne sait pas où elle est. Ces chiens-là ne sont pas trompés par le retour de vent, comme les chiens qui pointent seulement, car en faisant leur tour, ils rencontrent et l'effluve direct de l'oiseau et son émanation ramenée par le retour du vent.
Chez ces chiens qui font le tour, il existe deux manières de montrer le gibier : ou le chien décrit un cercle et ne s'arrête jamais pour pointer, mais en arrivant là où il peut sentir la perdrix, tourne la tête, toujours sans s'arrêter, comme pour indiquer l'endroit où est l'oiseau… ou le chien fera le tour et s'arrêtera dans le vent, indiquant le gibier. Ces derniers chiens sont les meilleurs, car ils indiquent clairement au chasseur où est la perdrix.
Il y a encore d'autres chiens qui font la moitié de leur tour et arrêtent dans le vent. Ceux-là ne savent pas ce qu'ils font, et s'ils essaient d'achever leur cercle, se perdent, tombent sur les perdrix et les mettent à l'essor." (Le Pointer. W. ARKWRIGHT, ,P. 46, 47.)
Et pour conclure :
" Voilà les différentes manières dont chassent les chiens ; les meilleurs sont ceux qui arrêtent et aussi font le tour, et ceux qui font simplement le tour. Quand il s'agit de chiens médiocres, je préfère celui qui arrête, parce que, lorsqu'il est à l'arrêt, il est tranquille et ne dérange pas le gibier ; s'il s'agit de bons chiens, celui qui sait et faire le tour et arrêter, est , de beaucoup, préférable aux autres."
Aujourd'hui, cet arrêt contourné paraît plus fréquemment observé lors de la chasse de la bécasse des bois.
Si on se rapporte aux explications précédentes, les conditions de la chasse sous bois, où les émanations sont difficiles à prendre à distance, le vent n'y soufflant pas également et les obstacles nombreux pouvant ralentir, stopper, modifier leur répartition. Cela entraînerait des arrêts très courts, avec risque de départ précipité du gibier, d'où cet éloignement sécuritaire par un contournement.
On pourrait également évoquer les méthodes d'antan pour la capture des perdrix avec la pose de filets sur le gibier et le chien. À cette époque, on apprenait au chien à se coucher lors de la prise d'émanation et à contourner les perdrix pour les forcer à se regrouper et à rester tapies, comme on pratique de nos jours avec les chiens à moutons, les labrits. Les chiens étaient dressés pour réaliser ce comportement.
De nos jours, certains chiens ont conservé, peut-être par instinct, cet arrêt couché, accompagné, suivant les circonstances, de l'acte de contournement.
Il ne faut pas oublier que cette technique du contournement fut un des éléments de la réussite lorsque les chasseurs utilisaient l'arbalète. Le chien étant à l'arrêt, le tireur à l'arbalète devait s'approcher avec précaution de l'oiseau ; le risque était de faire fuir la ou les perdrix. Alors, avant cette approche, il fallait couper cette fuite possible du gibier, et le chien était dressé à cette manoeuvre d'encerclement.