Les différents types d'arrêt - Arrêts complexes
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Il existe des arrêts que nous qualifierons de complexes.En plus de réflexe d’immobilisation ; ils sont complétés par des manoeuvres supplémentaires
permettant une capture plus facile du gibier arrêté.
L’arrêt contourné.
Dans un premier temps, le chien à l’arrêt attend son conducteur. Ce dernier une fois arrivé, le chien rompt son arrêt, et dans un second temps, effectue une manoeuvre de contournement permettant une prise en tenaille du gibier qui sera ainsi bloqué entre lui et son conducteur.
Dans cette démarche, le chien se substitue au chasseur. Le chien prend une pose d’arrêt “bis”, dans une position moins académique, moins tonique au niveau musculaire, mais plus expressive, plus attentive dans le regard, le port d’oreilles, le port de tête.
J’ai eu une chienne Pointer, VALIA des BERGES du STERGOZ, qui effectuait cette manoeuvre, uniquement dans des circonstances bien précises : lors d’arrêts en bordure forestière ou dans des allées forestières. Lors de la deuxième phase, elle allait se placer dans le boisé, dans l’espoir que l’oiseau prenne son envol vers le clair.
J’ai connu un Setter anglais, LEADS, à M. de la SABLIÈRE, qui effectuait ce type d’arrêt presque à chacune de ses sorties bécassières. Cette technique de l’arrêt contourné est innée dans la grande majorité des cas. Elle peut être initiée par un autre chien s’il existe une grande complicité entre les deux individus.
Pour LEADS, ce très grand bécassier, il parachevait son oeuvre (n’en déplaise aux puristes !) par une charge de l’oiseau à l’ordre, ce qui obligeait ce dernier à monter en chandelle, le rendant très vulnérable.
D’autres amis, dont Jo ALEXIS, m’ont relaté de tels faits.
L’épagneul breton semble être le chien qui pratique le plus souvent cet arrêt contourné.
Le Docteur MONTOUCHET, témoin de cet acte, écrit : “ Ceci est le plus souvent inné, s’observant dans certaines lignées de chiens.”
Je considère que l’arrêt contourné correspond à une preuve d’intelligence de notre auxiliaire. Ici, l’arrêt sort de l’instinct, du réflexe.
Maurice de la FUYE voit, dans ce type d'arrêt contourné, la confirmation du chien bécassier parfaitement créancé : " On a écrit partout que le chien créancé à cette chasse "tourne" la bécasse, la place entre son maître et lui, et l'oblige ainsi à partir vers le fusil qui l'attend : c'est exact."
L’arrêt “signalé”.
Le chien, à l’arrêt depuis un moment, se rendant compte que son conducteur a du mal à le localiser, fait tinter volontairement sa campane par des mouvements légers de l’encolure afin de signaler sa présence. Il est bien évident que cette initiative, génératrice d’émotion et de plaisir, disparaît avec l’utilisation du beeper ou sonnaillon électrique.
Dans LA MORDORÉE N° 28 de juillet 1955, page 3 : “ Dans le dernier bulletin, M. RAMPOU signale que son chien à l’arrêt le prévient en agitant son grelot lorsque son maître tarde à le rejoindre.”
Noël LEFEUVRE (MORDORÉE N°172) : “ J’ai également constaté ce fait avec mon vieux Setter, d’une façon indiscutable. Cette saison, à plusieurs reprises, j’entendis tinter sa clochette, mais d’une façon plus faible qui ne pouvait être confondue avec le tintement qui se produit lorsque le chien se déplace.”
L’arrêt “rapport”.
C’est un “arrêt de circonstance”. Il est rare. À deux reprises, je fus témoin de cette situation. Une première fois lors d’un Field Trial sur bécasse tirée, avec REMUS du PATTON, Setter anglais conduit à l’époque par Jean-Christophe LAVIT. Le chien arrête une bécasse qui est tirée et tuée ; il la récupère, et en revenant vers son conducteur, reprend une pose d’arrêt, pratiquement à l’endroit où il avait pris la première :
Étonnement de tous, juge compris. M. LAVIT s’approche de REMUS qui, malgré l’ordre de retour, ne bougeait pas. Le conducteur arrive à la hauteur du chien, le fait couler, et un second oiseau prend son essor, REMUS ne lâchant toujours pas la bécasse qu’il est en train de rapporter.
Quelques années plus tard, je connus le même spectacle avec ma chienne TOPAZE du MOULIN d’ONYX, dans le bois de Coat Forn à SCAËR (29), en action de chasse, où j’eus le plaisir d’avoir les deux oiseaux.
Il serait hasardeux de ma part de vous expliquer ce mécanisme uniquement par un captage d’émanation directe pour le second oiseau, ou d’un arrêt à vue, le second oiseau devant effectuer, peut-être, un mouvement au sol qui nous échappe, mais que le chien remarque, à moins que, lors de la première pose d’arrêt, le chien ait éventé deux émanations différentes et s’en souvienne au moment du rapport de l’oiseau tué ?
L’arrêt “aboyé”.
Le chien est en pose d’arrêt depuis un certain temps ; le conducteur n’est pas sur le site au moment où l’oiseau décolle. Le chien signale alors l’envol par quelques aboiements à l’intention du maître.
L’arrêt “guidé” ou “doublé”.
À mon avis, c’est l’apothéose chez un chien bécassier, preuve d’intelligence poussée.
Jamais je n’ai connu de tels chiens. De rares bécassiers m’en ont parlé.
Émile BOURDON, Maître bécassier, m’a confirmé ce fait qu’il a d’ailleurs relaté dans son ouvrage :”Bécasse, ma Passion” (page 114/115) :
“ Vous connaissez tous, ou vous avez connu des chiens qui revenaient chercher leur maître pour le conduire sur la bécasse et l’arrêter à nouveau.
Je l’entendis revenir tout près, quand le vent se calma un peu.
Arrivé à dix mètres de moi, il repartit doucement, bien déterminé, regardant si je le suivais.
Il me conduisit dans une ancienne carrière, assez profonde, garnie de maigres saules et d’ajoncs. Il se mit à l’arrêt. La bécasse était toujours là, et son départ du fond de la carrière me permit un tir facile.”
Cet arrêt “guidé” et “doublé” ou “bis” prouve bien que le chien reste totalement conscient lorsqu’il est à l’arrêt, et qu’en aucun cas il n’entre en état d’hypnose assimilé à une certaine perte de conscience ou à un état proche du sommeil.
Pendant l’arrêt, le chien contrôle le gibier, situe son maître par rapport à l’oiseau et à l’environnement. L’arrêt devient un réflexe contrôlé, un acte plein de sens et de compréhension.
Daniel RAFFEJEAUD confirme cette méthode du chien quittant son arrêt et revenant chercher son maître, mais la trouve peu efficace : " C'est très spectaculaire et ça "épate" les amis, mais ça ne paie pas, car entre temps, la bécasse a couru et elle s'envole très souvent lorsque nous revenons, précédés du chien."
Autre exemple de récit à ce sujet proposé par Maurice de la FUYE qui voit dans cet arrêt le fin du fin : …" Et c’est le fin du fin. Je n’en connais que des exemples rarissimes : avoir un chien assez “ humain “ pour rompre son arrêt de lui-même, revenir au maître et le conduire à la bécasse. Je n’avais jamais osé émettre cette idée si, dans “ La chasse des Bécassines “, le vicomte d’APPLINCOURT n’avait conté ce trait extraordinaire, mais rigoureusement exact d’un de ses chiens de marais qui vint ainsi le chercher, en faisant un grand détour pour franchir un cours d’eau sur un pont, le conduisit vers le gibier et reprit son arrêt à mauvais vent, donc de mémoire.”