Les différents types d'arrêt - Arrêts particuliers
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Les arrêts particuliers avec intervention combinée des sens olfactifs et visuels..
L’arrêt à patron.
Le “patron” ou arrêt “à patron” consiste, pour un chien, à prendre l’arrêt à la vue d’un autre chien en pose d’arrêt sur un gibier et/ou sur un autre chien qui respecte déjà un autre chien à l’arrêt, et cela à toute distance séparant ces différents chiens.
Ce respect est indispensable pour éviter que l’un des chiens fasse voler le gibier avant l’arrivée du tireur.
Le patron est la faculté innée ou obtenue par dressage que possède un chien à respecter l’arrêt de son congénère de quête en s’immobilisant à vue.
Selon Wiliam ARKWRIGHT, "Un chien de bonne race patronnera invariablement d'instinct. Patronner d'instinct est la caractéristique distinctive d'un jeune chien qui promet ; et c'est même le seul indice sûr d'après lequel le chasseur pourra se
hasarder à pronostiquer une future supériorité." Le même William ARKWRIGHT accorde une grande importance au patron chez le chien d'arrêt et le définit avec talent et précision : " Aussitôt qu'un chien arrête ferme et à propos, ce qu'il faut lui demander ensuite, c'est de bien arrêter à patron. Si vous le sortez avec d'autres chiens, il apprendra cela facilement au premier degré, c'est-à-dire qu'il s'arrêtera quand il verra un autre chien s'arrêter, et quand l'autre se remettra en mouvement, il fera de même. Dans la commune acceptation du mot, c'est ce qu'on appelle arrêter à patron. Mais le véritable arrêt à patron est bien plus parfait.
J’ai quatre chiens travaillant ensemble. L’un arrête. Parmi les autres, disons que deux peuvent le voir et patronner instantanément, mais le troisième, par suite d’un obstacle qui cache sa vue, ne peut pas. Dans ce cas, arrêtez-vous et ne bougez pas tant que tout ne sera pas immobile ; ou bien, laissez travailler ce dernier chien jusqu’à ce qu’il puisse patronner, ou, si vous préférez, faites-le coucher à la main.
Quand vous approcherez le premier chien mentionné, tous les autres devront faire de même, avec précaution ; pourtant beaucoup de gens préfèrent qu'ils restent couchés jusqu'à ce qu'on les appelle.
Le fait qu’un chiot patronne dès ses premières sorties est un gage de qualité de ce chien, selon M. ARKWIGHT : “ Le fait pour un chien d’arrêter le gibier et les alouettes à sa première sortie n’est pas un critère certain de sa valeur; mais on n’aura pas de doute lorsqu’un chien patronne la première fois qu’il voit un autre chien arrêter. C’est une preuve qu’il s’agit d’un sujet de bonne qualité".
On peut considérer qu’il s’agit d’un acte de respect pour chasser avec deux ou plusieurs chiens.
Cet arrêt patron est naturel ; ceux qui ne le possèdent pas peuvent y être mis par un dressage particulier.
Cet arrêt patron s’installe, s’adopte sans difficulté si on utilise plusieurs chiens pour chasser et qui patronnent naturellement. Le nouveau comprendra vite l’obligation du respect de l’autre chien ou des autres chiens.
Les chiens qui ne patronnent pas sont, dans la grande majorité des cas, ceux qui sont toujours utilisés seuls par leur conducteur.
Le non-respect du patron est souvent le résultat d’une mauvaise éducation, d’un mauvais dressage.
Dans certaines circonstances, des chiens de même race se patronnent, alors qu’ils refusent le patron à d’autres races avec lesquelles ils n’ont pas l’habitude de chasser, le Setter anglais refusant le patron à un Pointer ou à un Irlandais par exemple.
Pour mettre un chien à patron par dressage, il faut utiliser un chien ferme d’arrêt, le mettre en présence d’un gibier (par exemple en cage d’envol) et de contraindre l’élève à s’immobiliser à sa vue.
Une autre technique consiste à utiliser une silhouette de chien, que l’on fait apparaître à l’approche de l’élève qui doit s’immobiliser. Ce procédé est très utilisé aux U.S.A. et au CANADA. Cette méthode s’inspire du fait que des chiens bien mis patronnent à des distances importantes des sacs plastiques, des pierres de grande taille, lors de leur quête, ce qui confirme que seul le sens visuel est ici cause de la pose d’arrêt.
En Field Trial, lors des épreuves en couple, le patron doit être spontané ; son refus est éliminatoire.
J’ai possédé une Setter anglais, TOPAZE, trialer sur bécasse et grande bécassière, qui ne supportait pas que ses partenaires de chasse refusent le patron à son égard. En plusieurs occasions, je l’ai vue se “ fâcher” à l’encontre de compagnons sans respect, sans “éducation”.
Lors d’un premier arrêt, si le chien ne respectait pas sa pose, elle lui manifestait un regard réprobateur et elle semblait m’interroger. Si le phénomène se répétait une autre fois, elle rompait son arrêt et coupait la route au “malotru” en grognant : en quelque sorte, c’était le carton jaune. Le troisième non-respect, et c’était le carton rouge : elle se précipitait sur le fautif, quels qu’en soient le sexe et l’âge, et lui administrait une raclée. Le “battu” fuyait la chienne pendant la quête et les arrêts suivants. Bon nombre de compagnons d’une journée de chasse subirent ce dressage sur le terrain. Je dois reconnaître qu’ils ne patronnèrent pas plus ensuite, mais tous s’éloignaient, on peut même dire “blinkaient” à la vue de TOPAZE en position d’arrêt ! ! !
Le chiot respectera facilement l’arrêt de sa mère ou du moniteur, surtout s’il constate que l’on capture régulièrement l’oiseau arrêté. Le danger est de faire chasser longtemps ensemble le chiot et sa mère, car l’élève s’installe dans la “facilité” et le “respect” : il n’arrête pas et se complaît à patronner ; cela ira même parfois jusqu’à la surveillance de son aînée en permanence : il ne chasse plus, mais suit.
Certains vous diront que ces chiens qui patronnent en permanence manquent d’initiative et feront de mauvais ou médiocres chiens.
Personnellement, j’ai eu le cas de FLOSSY du MOULIN d’ONYX, setter anglais liver (couleur foie), qui fut une grande bécassière et dont ce défaut lui passa lors de sa seconde saison de chasse, entre 22 et 26 mois, sans que je m’en rende compte sur le moment ; il n’y eut aucune des séquelles prédites ou annoncées.
Le patron miroir.
Le patron miroir est réalisé lorsque deux chiens qui chassent ensemble se patronnent mutuellement, persuadés que l’autre est à l’arrêt.
Le patron miroir est le résultat d’une incompréhension ou d’un malentendu entre deux chiens parfaitement dressés et chassant ensemble. Ce patron miroir résulte de la surprise des chiens qui quêtent vite, se surprennent et se figent.
Jean-Louis BOYER décrit ce phénomène lors d’une scène de chasse dont il fut le témoin. “ Notre chasseur comprit qu’il venait d’être victime de la perfection avec laquelle ses chiens patronnaient.
Tout avait dû se jouer en un laps de temps infime, comme s’il visionnait un film repassé en marche arrière puis au ralenti. Joseph se représenta AICHA convoyant, au millimètre, la piète de l’oiseau et s’immobilisant un moment pour en analyser plus précisément les effluves.
DOMINO, qui montait dans sa direction, aperçut sans doute sa compagne dans l’un de ces instants-là et patronna sur le champ. À la même seconde, alors qu’elle allait reprendre son pistage, AICHA vit le blue pétrifié : imaginant sans doute qu’il bloquait la fuyarde, elle se statufia à son tour.”
Souvent, en fin de sortie de chasse, lors d’apparition de la fatigue, cette attitude de patron miroir est le plus souvent remarquée, ce qui pourrait faire croire à un acte de récupération .
Cela pourrait correspondre à une baisse de la passion devant la rareté des contacts avec le gibier.
Ces hypothèses seront à vérifier.
L’un de mes couples de chiennes , FLOSSY la Setter et ISATIS la Pointer, qui s’entendaient à merveille et chassaient en grandes bécassières, me proposèrent souvent cette situation .